imprimir página

Vicente Huidobro. 1893 - 1948. Altaigle - Altazor. Chant I. (fragmentos)

 



Altaigle – Altazor. (Fragmentos) 


Chant I

Ne vois-tu pas que tu tombes déjà?

Lave ta tête des préjugés et de la morale

Et si voulant t’élever tu n’as rien atteint

Laisse-toi tomber sans freiner ta chute sans peur au fond de l’ombre

Sans peur au fond de ta propre énigme

Tu trouveras peut-être une lumière sans nuit

Perdue dans les crevasses des précipices.

Tombe

Tombe éternellement

Tombe au fond de l’infini

Tombe au fond du temps

Tombe au fond de toi-même

Tombe aussi bas qu’on peut tomber

Tombe sans vertige

A travers tous les espaces et tous les âges

A travers toutes les âmes tous les désirs tous les naufrages

Tombe et brûle en passant les astres et les mers

Brûle les yeux qui te regardent et les cœurs qui t’attendent

Brûle le vent avec ta voix

Le vent qui se mêle à ta voix

Et la nuit qui a froid en sa grotte d’os

Tombe en enfance

Tombe en vieillesse

Tombe en larmes

Tombe en rires

Tombe en musique sur l’univers

Tombe de ta tête aux pieds

Tombe de tes pieds à ta tête

Tombe de la mer à la source

Tombe dans l’ultime abîme de silence

Comme le navire qui sombre en éteignant ses lumières



 

¿No ves que ya estás cayendo?

Lávate la cabeza de prejuicios y morales

Y si con ganas de elevarte no has logrado nada

Déjate caer sin frenar tu caída sin miedo en el fondo de las sombras

Sin miedo en el fondo de tu propio enigma

Quizás encuentres una luz sin noche

Perdida en las grietas de los precipicios.


Cae

Cae eternamente

Cae en la profundidad del infinito

Cae en la profundidad de los tiempos

Cae en la profundidad de ti mismo

Cae tan bajo como uno puede caer

Cae sin vértigos

A través de todos los espacios y de todas las edades

A través de todas las almas,de  todos los deseos ,de todos los naufragios

Cae y quema al pasar los astros y los mares

Quema los ojos que te miran y los corazones que te esperan

Quema el viento con tu voz

El viento que se mezcla con tu voz

Y la noche que tiene frío en su cueva de hueso

Cae en la infancia

Cae en la vejez

Cae en las lágrimas

Caer en la risa

Cae en la música del universo

Cae de tu cabeza a los pies

Cae de tus pies a tu cabeza

Cae del mar a la fuente

Cae en el último abismo de silencio

Como el barco que se hunde mientras apaga sus luces



No hay comentarios:

Publicar un comentario