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Paul Verlaine 1844 - 1896 Serenata / Sérénade







Serenata»

Como la voz de un muerto que cantase
Desde el fondo de su fosa,
Querida, escucha subir hasta tu retiro
Mi voz agria y falsa.

Abre tu alma y tu oído al sonar
De mi mandolina :
Para ti yo he hecho, para ti, esta canción
Cruel y zalamera.

Yo cantaré tus ojos de oro y de ónix
Puros de toda sombra,
El Leteo de tu seno, el Estigia
De tus negros cabellos .

Como la voz de un muerto que cantase
Desde el fondo de su fosa,
Querida, escucha subir hasta tu retiro
Mi voz agria y falsa.

Después alabaré mucho, como conviene,
Esa carne bendita
Cuyo perfume exuberante me vuelve
En las noches de insomnio.

Y para terminar cantaré el beso,
De tus rojos labios ,
Y tu dulzura al martirizarme,
– Mi Ángel ! – mi Prostituta !

Abre tu alma y tu oído al son
De mi mandolina :
Para ti yo he hecho, para ti, esta canción
Cruel y zalamera.



Sérénade»

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres.

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Puis je louerai beaucoup, comme il convient,
Cette chair bénie
Dont le parfum opulent me revient
Les nuits d’insomnie.

Et pour finir je dirai le baiser,
De ta lèvre rouge,
Et ta douceur à me martyriser,
– Mon Ange ! – ma Gouge !

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

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