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Fragment de Du côtê de Chez Swam/Fragmento de Del lado de la Casa de Swam. Marcel Proust





J’appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l’oreiller qui, pleines et fraîches, sont comme les joues de notre enfance. Je frottais une allumette pour regarder ma montre. Bientôt minuit. C’est l’instant où le malade, qui a été obligé de partir en voyage et a dû coucher dans un hôtel inconnu, réveillé par une crise, se réjouit en apercevant sous la porte une raie de jour. Quel bonheur, c’est déjà le matin ! Dans un moment les domestiques seront levés, il pourra sonner, on viendra lui porter secours. L’espérance d’être soulagé lui donne du courage pour souffrir. Justement il a cru entendre des pas ; les pas se rapprochent, puis s’éloignent. Et la raie de jour qui était sous sa porte a disparu. C’est minuit ; on vient d’éteindre le gaz ; le dernier domestique est parti et il faudra rester toute la nuit à souffrir sans remède.




Apreté tiernamente mis mejillas contra las hermosas mejillas de la almohada que, llenas y frescas, son como las mejillas de nuestra infancia. Encendí una cerilla para mirar mi reloj. Casi media noche. Es el momento en el que un enfermo que ha sido obligado a realizar un viaje y tuvo que dormir en un hotel desconocido, despertado por una crisis, se regocija al ver un rayo de luz del día debajo de la puerta. ¡Qué alegría, ya es de mañana! En un momento se levantarán los criados, podrá tocar el timbre, y vendrán a ayudarlo. La esperanza de sentirse aliviado le da valor para sufrir. Creyó oír pasos; los pasos se acercan, luego se alejan. Y el rayo diurno que estaba debajo de su puerta se ha ido. Es media noche; se acaba de apagar el gas; el último sirviente se ha ido y tendremos que quedarnos toda la noche para sufrir sin remedio.

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